Mobilité : Angers accueille un deuxième opérateur de vélos en accès libre


le Mercredi 16 Mai 2018 à 17:09

Angers, ville verte, en pince pour le vélo. Pour preuve, après les aménagements urbains, la mise en place d'un service gratuit par la municipalité, Vélocité, et l'installation en octobre dernier, de Pony Bikes, une startup qui propose des vélos en accès libre, voici qu'un autre opérateur, Indigo Weel, jette son dévolu sur la ville. Même si Angers favorise ce mode de déplacement, ça risque de faire beaucoup.


Les vélos Pony Bikes sur le bord de la Maine à Angers (Photo Pony Bikes)
Les vélos Pony Bikes sur le bord de la Maine à Angers (Photo Pony Bikes)
Depuis l'an dernier les Angevins se sont habitués aux vélos vert acidulé de la startup Pony Bikes, en libre service (payant) sur les trottoirs de leur ville. La jeune entreprise créée par des étudiants français à Londres, s'était d'abord essayé à Oxford, ville universitaire britannique, où elle avait déployé pas moins de 200 vélos en accès libre. Forte de cette première, la jeune pousse avait décidé d'investir Angers, une ville où le vélo prend une place de plus en plus importante. En octobre dernier elle avait saisi la venue des décideurs mondiaux de l'électronique dans le cadre du World Electronics Forum, pour expérimenter son déploiement sur le sol français.

Succès immédiat pour ce vélo qui revisite le célèbre Vélib parisien puisqu'il ne nécessite pas de station de parcage. On le prend là où il se trouve et on l'abandonne un peu plus loin, après l'avoir déverrouillé avec une simple application sur smartphone et un flash code.

Cette formule dite de « free floating » (accès libre) intéresse de plus en plus les municipalités puisqu'elle ne nécessite pas d'aménagement urbain pour l'installation des stations, mais également des utilisateurs qui n'ont plus a se rendre dans ces mêmes stations pour prendre un vélo ou le ramener. D'autant plus facile à trouver que ces vélos sont géolocalisables. 

Pony Bikes, dont les vélos sont plutôt bien acceptés notamment par les jeunes, a été accompagné par la Ville d'Angers dans sa phase de démarrage. Passé la phase expérimentale, 500 vélos, régulièrement utilisés par plus de 3500 angevins, ont été déployés sur la ville.

Depuis sept mois un véritable lien d'amitié s'est même tissé entre la startup et les utilisateurs si l'on en croit le nombre de messages mettant en situation les sympathiques vélos sur les réseaux sociaux. Alors forcément, l'arrivée le 17 mai de l'opérateur Indigo Weel, avec 450 vélos, n'est pas forcément appréciée. D'autant que cet opérateur qui gère déjà des parkings en France et dans le monde sous le label Indigo (ex Vinci Park) et qui veut s'imposer comme l'opérateur de la mobilité urbaine, fait figure d'ogre pour la jeune pousse bien implantée à Angers.
 
« Trop de vélo risque de tuer l'activité vélo »

Du coté de Pony Bikes on n'est pas fondamentalement opposé à l'arrivée d'une concurrent, c'est normal dans le monde de l’entrepreneuriat. C'est plutôt la méthode qui étonne Paul-Adrien Cormerais, co fondateur de l'entreprise. «  Nous avions établi un climat de confiance avec les équipes de la ville d'Angers et ensemble nous travaillons depuis le début au développement raisonné de l'activité vélo et j'avoue ne pas comprendre. Nous occupons déjà tous les lieux stratégiques, on ne voit pas où va s'installer Indigo ».

Ce que ne digère pas le jeune patron de Pony Bikes, c'est le fait de « ne pas avoir été informé par la collectivité ». Il l'a appris par la presse britannique dans laquelle le partenaire chinois d'Indigo annonçait son installation a Angers. « Nous vivons ce type de concurrence à Oxford et nous savons que ça conduit à une augmentation du nombre de vélos mis a disposition pour que chacun reste visible. Avec l'arrivée de ce nouvel opérateur et ceux de Vélocité, les angevins disposeront de plus de vélos qu'à Lyon ou Toulouse. Ce n'est pas sérieux et préjudiciable aux entreprises comme aux utilisateurs. Je suis atterré et déçu par la position de la collectivité ». 

La communauté urbaine qui a soutenu, avec la Ville d'Angers, l'installation de Pony Bikes et affiche depuis des années sa volonté de favoriser ce mode de déplacement doux est favorable à l'arrivée d'Indigo Weel puisque la maire-président, Christophe Béchu, a signé son arrêté d'utilisation du Domaine Public. Ce qui ne rassure pas Paul-Adrien Cormerais qui aurait préféré que le développement du vélo en libre accès soit économiquement mature avant d'accepter la venue d'un autre opérateur. « D'autres villes qui ne veulent pas détruire ce qu'elles ont mis en place s'y sont opposées ». Pour ce dernier qui suspecte un problème interne au sein de la collectivité, « trop de vélos risque de tuer l'activité vélo », et peut-être même son entreprise.

« La réussite de Pony Bikes et le choix d’Indigo Weel d’investir à Angers confirment la forte attente des Angevins en matière de modes de transport alternatifs », déclare Bernard Dupré, Vice-président d’Angers Loire Métropole chargé des déplacements et des infrastructures de transport tout en rappelant que « la promotion à Angers des vélos en libre service s’inscrit dans le cadre de la politique volontariste menée par la Ville et la Communauté urbaine pour proposer aux habitants des modes de déplacements doux ».

Mis en place par la collectivité, bien avant l'arrivée des vélos en free-floating, Vélocité propose 2500 vélos en prêt gratuit aux angevins. Quatre vélos-parcs, 154 box sécurisés, 35 stationnements collectifs couverts et 4 parkings-relais de 36 places sont disponibles sur le territoire de la commune. Angers, ville verte, soutient l'utilisation de la petite reine puisqu'elle propose désormais une indemnité kilométrique vélo (IKV) à ses agents qui choisissent ce moyen de locomotion pour venir au travail.

Désormais, gratuitement ou payant, les angevins pourront disposer de 3450 vélos de prêt. Certainement un bon point pour l'environnement, mais tous ces vélos trouveront-ils tous preneurs ? Pas sûr...





              


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